Laurence Vlasman
Psychologue clinicienne, psychothérapeute, et psychanalyste à Versailles
Laurence Vlasman
Psychologue clinicienne, psychothérapeute, et psychanalyste à Versailles

La thérapie d'inspiration analytique versus les thérapies brèves.


De quoi parle t-on ?

Beaucoup de personnes se sentent perdues face à la diversité des thérapies.

La thérapie analytique est assez mal comprise du grand public, quant à son articulation et à ses objectifs visés.

Je profite de la série télévisé sur Arté " Thérapie" qui a eu lieu en 2021,  pour expliquer succinctement les tenants et aboutissants de la thérapie analytique, qui représente un très bel outil de connaissance de la psyché, de découverte de soi et de compréhension de son rapport aux choses de la vie, permettant une libération de la pensée, de la parole et, bien sûr, une atténuation des symptômes (angoisse, dépression, sentiment d’insatisfaction etc.)

Que nous montre la série télévisée "En thérapie" sur le déroulé d’un travail psychanalytique ?

Elle met en avant des choses très concrètes que nous pouvons énumérer selon leur ordre d’importance.

En premier lieu, En thérapie pose la question du cadre,  un cadre propice à la parole, à l’écoute, à l’échange, dans lequel le patient pourra s’exprimer librement, faire des associations d’idées, des liens, dire tout ce qui lui passe par la tête sans être jugé, pour aboutir à une/ des prises de conscience de ce qui fait souffrir.

Le patient est soit dans le face-à-face avec son thérapeute soit allongé (généralement, l’on commence par le face-à-face avant qu’une phase plus longue ne se mette en place, au cours de laquelle, le patient allongé, dos à l’analyste, est invité à dire tout ce qui lui vient en tête).

L’outil principal étant le psychanalyste lui-même qui grâce à son inconscient aiguisé,  va pouvoir entendre ce que dit le patient mais aussi ce qu’il ne dit pas.

La psychanalyse est fondée sur le langage.

C’est en mettant des mots sur les maux, en libérant la parole, en associant des images, des idées, en associant librement, c’est-à-dire en parlant de tout ce qui nous passe par la tête, en rebondissant sur les interprétations de l’analyste qu’au fur et à mesure des séances, le sujet va pouvoir faire des liens et découvrir ce qui se cache au niveau de son inconscient. Ce travail psychique va permettre de donner du sens au symptôme et libérer le patient de ce qui fait souffrir.

Le transfert-contre transfert

Sans transfert, pas de thérapie. Le transfert évite que la thérapie tourne à la discussion, au bavardage.

Mais pour ce faire, encore faut-il que le transfert advienne et qu’il soit possible. 

Qu’est-ce que le transfert ?

Le transfert désigne un processus au cours duquel des sentiments ou des désirs inconscients envers les premiers objets investis dans l’histoire du sujet (le plus souvent les parents) se trouvent reportés sur une autre personne.

La psychothérapie analytique est le lieu privilégié de l’émergence du transfert.

Qu’est ce que le contre-transfert ?

Le contre-transfert désigne la disposition inconsciente de l’analyste en rapport au transfert de l’analysant au cours de la thérapie.

L’idée est que l’analyste doit pouvoir comprendre le conflit intra psychique inconscient exprimé par le transfert de l’analysant et donner une interprétation dynamique en vue d’une élucidation (prise de conscience) des symptômes.

La bienveillance, l’empathie

Le psychanalyste se doit être bienveillant. Il écoute son patient sans jugement dans une disposition intérieure qui témoigne de l’empathie.

Il est bon de se sentir touché par l’histoire de son patient. 

L’importance du désir en thérapie

Un psychanalyste est reconnu par ses pairs selon son désir. Il est une émanation qui vient de l’intérieur et qui s’élabore sur le divan en présence de son analyste.

Sans désir pas de thérapie. L’idée étant pour l’analyste, d’aller à la rencontre du désir inconscient de son patient.

Les blessures, les traumatismes souvent en lien avec l’histoire infantile nous empêchent d’aller à la rencontre de nos désirs profonds et au lieu de vivre pleinement ce que nous sommes appelés à vivre, nous allons mener notre existence en réaction.

Dans cette optique, le psychanalyste aide son patient à devenir pleinement acteur de sa vie.

La thérapie est aussi un travail de liaison. On fait du lien entre ce qui est conscient et inconscient. C'est à ce niveau là que le symptôme existe. on parle d'un conflit intra psychique.

En reliant, on donne du sens au symptôme et en y donnant du sens, on s’en libère.

L’écoute du thérapeute

Grâce à sa formation, le thérapeute est en capacité d’écouter sur deux registres. Il entend ce qui est dit mais aussi ce qui n’est pas dit à travers ce que dit le patient.

Il entend ce qui est verbalisé de manière consciente mais aussi de manière inconsciente.

En cela, le thérapeute va aider le patient à faire du lien entre ces deux registres.

Plus concrètement, la thérapie analytique consiste à comprendre l'origine de la souffrance.

Elle permet aux patients de faire du lien entre leur histoire infantile et leur histoire actuelle. Et de comprendre d’où ils viennent.

Grâce à l’analyse, les patients peuvent réaliser les avancées suivantes :

« J’essaye de donner du sens à mon mal-être » ;

« J’essaye de comprendre pourquoi je dis telle chose et pourquoi je fais le contraire » ;

« J’essaye de comprendre la raison d’un symptôme (comme, par exemple, un burn out) » ;

« Je cherche à comprendre mes phobies, ma névrose, mes colères, mon addiction, mes mauvais choix qui se répètent… »

« Je cherche le sens que je souhaite donner à ma vie, à mon parcours professionnel… » :

« Je cherche à comprendre pourquoi je suis toujours malheureux(se) en amour etc. »

Conclusion

Pour conclure, je suis heureuse de voir que cette série a eu du succès et qu’elle à  remis la psychanalyse à l’honneur car, aujourd’hui, il importe de dénoncer la multiplication des prétendues thérapies brèves qui ne font que déplacer le symptôme  sans le comprendre ni le soigner.

Il importe aussi de dénoncer cette mode de la psychologie du développement personnel qui est un pur produit de consommation qui n’aide pas le patient à résoudre son mal-être en profondeur, à comprendre l’origine de sa souffrance.

En ce sens, je salue Julia Funès pour son livre Le développement Im personnel qui dénonce les modes d’emploi de la confiance en soi, comme si tout le monde était identique et que nous pouvions appliquer des recettes toutes faites au tout venant, en vue de développer une confiance en soi généralisée et homogène.

De même, l’on trouve aujourd’hui des programmes sur Internet expliquant comment gagner confiance en soi en douze séances, qui constituent autant d’escroqueries que de vastes fumisteries.

On veut du tout, tout de suite, mais l’être humain est riche et complexe. Chaque individu a son histoire propre, son désir propre, une expérience et des traumatismes vécus différents.

En outre, chaque personne ne gère pas ses émotions de la même façon.

Et surtout chaque personne a toutes les réponses en elle.

Il s’agit donc d’aller à la rencontre de celles-ci avec l’aide de son thérapeute, afin de pouvoir vivre sa propre singularité dans une appropriation subjective.

Se trouver soi-même, là est à la clé d’un certain bonheur.

Mon cabinet accueille des patients aux histoires et aux attentes diverses, pour un temps d’écoute, un temps où l’on se pense, où l’on réfléchit ensemble, où l’on essaye de comprendre l’origine de son mal-être mais aussi les objets de son bien-être.

Les cabinets de psychanalyse sont autant de lieux où la parole prononcée dit quelque chose du réel. Quelque chose qui ne trouve sa matérialité ni dans le cerveau, ni dans les neurones.

Ce sont aussi des lieux où l’on tient compte de la singularité de chacun, du désir singulier et où il est possible de s’approprier un Je unique et singulier.

Ce sont des lieux qui percent le mur du silence, des non-dits, des secrets de famille, des savoirs établis, et qui permet à chacun de donner du sens et du désir à son existence. Bien loin des prétendues thérapies brèves qui n’ont de bref que l’intérêt qu’elles méritent.

Je précise enfin que la thérapie analytique n’est plus ce qu’elle était du temps de Freud ou même de Lacan. Elle s’est adaptée à la demande et à l’évolution de la société.

En ce qui me concerne, je travaille de façon dynamique. Il n’est pas question que la thérapie dure très longtemps mais, dans le même temps, il est important de tenir compte du rythme du patient.

Je fais tout pour mettre en confiance mes patients, je les accompagne dans une posture de soin qui se veut humaniste et clinique. Je suis dans l’échange, c’est-à-dire que je n’installe pas mon patient dans l’absence de réponse face à ses questions et m’adapte aux thématiques traitées.

Mes patients évoluent vite et bien.

Ils se métamorphosent. En thérapie, lorsque le patient se métamorphose, cela signifie qu’il devient capable de résilience, de ne pas rester dans le ressentiment, de passer de l’autre côté de la rive, de se dépasser et de trouver en lui les ressources nécessaires pour se libérer. Ainsi, dans la majorité des cas, les patients peuvent retrouver du plaisir à vivre, à ressentir des émotions, à donner du sens à leur existence.

A l’heure où l’enjeu de la santé mentale devient une question politique et médiatique, où l’on prend des mesures gouvernementales pour lutter contre la détresse psychologique en donnant aux étudiants des « chèques psy » pour consulter, où l’on cherche de plus en plus à se rapprocher des valeurs essentielles (comme donner un sens véritable et plus profond à son existence, se rapprocher de la nature, quitter les villes pour vivre à la campagne, investir son chez soi pour créer une ambiance plus intime, plus accueillante...), le cabinet de psychanalyse constitue un lieu d’écoute propice à la reconfiguration des choses de sa propre vie.

Série "En thérapie" sur ARTE sur le sujet : cliquez ici


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